Parti Pirate - Pour un modèle agricole innovant

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Pour un modèle agricole innovant

Au programme depuis Mai 2025

Exposé des motifs

Face aux défis croissants de la dégradation des sols, du changement climatique et de la dépendance aux intrants, l’agriculture doit trouver de nouvelles voies pour concilier productivité et respect de l’environnement. L’agriculture de conservation répond à cette urgence en proposant de préserver la fertilité des sols, de réduire la consommation énergétique et de mieux gérer les ressources en eau. Cependant, son recours à certains produits comme le glyphosate, ainsi que la question du rôle des biotechnologies (OGM), suscitent des débats autour de l’équilibre entre innovation, santé publique et préservation de la biodiversité. Plus largement, cette transition vers une agriculture moins dépendante des intrants invite à revaloriser la place de l’agriculteur au sein de la société, en tant que garant de services écosystémiques essentiels et acteur clé d’une souveraineté alimentaire durable.

Quel est l'intérêt de l'agriculture de conservation des sols ?

L’intérêt de cette orientation agricole tient principalement au fait qu’elle propose des méthodes d’exploitation qui sont protectrices de l’environnement, et plus particulièrement des sols. La littérature permet d’établir les apports de ce type d’agriculture. Cette dernière :

  • favorise une bonne structuration du sol : la réduction du travail du sol favorise la diversification des espèces de bactéries, champignons et animaux présents dans le sol (INRA, étude EFESE-EA, par Therond et al., 2017), qui à leur tour favorisent une bonne structuration. Une bonne structuration permet entre autres, de favoriser un sol vivant, de faciliter l’implantation des cultures et des couverts, de permettre de limiter le tassement dus aux engins agricoles en permettant au sol d’être assez portant, etc.

  • favorise l’infiltration de l’eau dans le sol, ce qui permet de limiter les phénomènes érosifs et de stocker de l’eau dans les sols (étude EFESE-EA, par Therond et al., 2017 ; INRA, Synthèse glyphosate par Reboud et al., 2017).

  • permet de lutter contre l’érosion via la meilleure structuration du sol et la présence permanente d’un couvert [plante vivante] ou d’un mulch [résidus de plante, couvrant le sol] (INRA étude 4 pour 1000, 2019; INRA, Synthèse glyphosate par Reboud et al., 2017 ; INRA étude EFESE-EA par Therond et al., 2017) qui amortit l’impact des gouttes (l’eau arrivant moins vite à la surface, elle s’infiltre plutôt que de ruisseler en entrainant avec elle des particules de sol).

  • encourage l’usage de couverts intermédiaires [des plantes qu’on cultive entre deux plantes de vente ou de rente, non pas pour les récolter, mais pour les restituer au sol], permet d’augmenter la séquestration de carbone dans les sols, ce qui permet à l’agriculture de contribuer à l’atténuation du changement climatique (INRA étude 4 pour 1000, 2019; INRA, Synthèse glyphosate par Reboud et al., 2017). À noter que cette séquestration n’est pas infinie, mais que de nombreux sols français sont loin de leur maximum de stockage. Il s’agit donc d’un réel levier pour atténuer l’effet du changement climatique.

  • encourage l’utilisation d’une large gamme de couverts intermédiaires avec de multiples effets bénéfiques, par exemple : occuper le sol pour limiter la pousse d’adventices [espèces non désirées ~ mauvaises herbes, par exemple : repousses de céréales], de piéger les nitrates [CIPAN/ crucifères, famille de la moutarde, du colza], de fixer de l’azote pour la culture suivante [légumineuses par ex. féverole], etc. (INRA, étude 4 pour 1000, 2019).

  • mettre un couvert intermédiaire permet d’éclaircir la surface du sol [ effet albédo ] et de diminuer la température de surface par rapport à un sol nu, diminuant ainsi le rayonnement infrarouge thermique émis par la surface. Travaux d’E. Ceschia et collègues. Citation à ajouter.

  • permet de favoriser la biodiversité du sol, par exemple les vers de terre (INRA étude 4 pour 1000, 2019; INRA, Synthèse glyphosate par Reboud et al., 2017).

  • permet la réduction du temps de travail, s’inscrivant dans le pilier social de la durabilité (Dictionnaire d’agroécologie, définition de l’agriculture de conservation).

  • permet, par le non-travail du sol, de faire des économies de carburant par rapport à un travail, même minimal, du sol (INRA étude 4 pour 1000, 2019; INRA, Synthèse glyphosate par Reboud et al., 2017).

En plus de ses multiples avantages agronomiques, l’autre intérêt de cette orientation agricole tient au fait qu’elle laisse le champ ouvert à une position raisonnable sur les OGM et le glyphosate.

Contenu de la proposition

Proposition 1 : Pour une agriculture de conservation des sols

Le Parti Pirate préconise une transformation massive de l’agriculture actuelle vers des modèles adaptés aux enjeux locaux, et donc plus diversifiés. Le modèle dit d’agriculture de conservation des sols et des écosystèmes, souvent appelé « Agriculture de Conservation » (AC) fait partie de ces modèles. La préservation des sols et des écosystèmes est un enjeu majeur au vu des défis climatiques et agricoles en cours et à venir.

La question de la préservation des sols et leur rôle sur le climat a fait l’objet d’importantes discussions dans le rapport du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Évolution du Climat) d’août 2019 (GIEC, 2019).

L’agriculture de conservation s’appuie sur 3 piliers :

  • L’arrêt du travail du sol (vers le semis direct) ;
  • La couverture permanente des sols ;
  • L’allongement et la diversification des rotations des cultures, grâce notamment aux Cultures Intermédiaires Multi-services (CIMS).

Proposition 2 : Pour une agriculture libre, OGM, brevet sur le vivant et semences paysannes

Le Parti Pirate soutient la recherche et le développement en génie génétique, tout en réaffirmant son attachement à la non-brevetabilité du vivant. Il s’oppose donc à toute commercialisation d’OGM agricoles soumis à brevet. À l’avenir, l’usage des OGM devra être repensé pour répondre à des enjeux spécifiques, comme la nutrition (riz doré) ou la lutte contre certains ravageurs (pyrale du maïs). Toutefois, l’exemple de l’agriculture de conservation en France montre qu’on peut déjà relever nombre de ces défis, comme la gestion des ravageurs, sans recourir aux OGM. Le terme OGM renvoie ici aux produits, espèces, variétés, végétales, issus de méthodes de génie génétique.

Ainsi, de la même manière que les agriculteurs devraient être libres d’utiliser, de commercialiser des « OGM libres », ils doivent également être libre d’utiliser, de commercialiser des « semences libres », dites « paysannes ». La loi du 10 juin 2020 a en effet rétablit l’article 78 de la loi « Équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole » issue des Égalim, qui avait été partiellement censuré par le Conseil constitutionnel. Cette loi permet le partage de semences paysannes, mais conserve l’interdiction de leur vente entre professionnels tant que ces dernières ne sont pas inscrites au catalogue officiel.

Proposition 3 : Biocides et glyphosate

En agriculture de conservation, le travail du sol est grandement réduit ou remplacé par la présence continue de couverts végétaux, ce qui permet d’éviter le labour et d’améliorer la structure du sol. Toutefois, certaines situations nécessitent encore le recours à des biocides, comme le glyphosate, pour détruire ces couverts et contrôler les adventices. Si la couverture permanente limite déjà leur usage, ces produits, même ciblés, peuvent avoir des répercussions imprévues sur la faune et la flore. Deux méta-analyses rendent compte d’effets du glyphosate sur des populations de rongeurs (Cai et al., 2017) et d’espèces animales variées (Ghisi, Oliveira, & Prioli, 2016).

Pour accompagner cette transition, il est essentiel de renforcer la formation des agriculteurs, de soutenir l’achat de matériel adapté (notamment semoirs) et de prévoir un financement spécifique, afin de valoriser pleinement le rôle des exploitants comme gardiens des écosystèmes.

Sources et bibliographie

Dictionnaire d’agroécologie : définition de l’Agriculture de Conservation des Sols. Accessible en ligne : https://dicoagroecologie.fr/encyclopedie/agriculture-de-conservation/?highlight=agriculture%20de%20conservation (consulté le 04/10/2019).

EFESE-EA : Téléchargeable en PDF : https://inra-dam-front-resources-cdn.wedia-group.com/ressources/afile/419236-fe1dc-resource-efese-services-ecosystemiques-rendus-par-les-ecosystemes-agricoles-rapport-complet.pdf Citation complète : Therond O.(coord.), Tichit M.(coord.), Tibi A. (coord.), Accatino F., Biju-DuvalL., Bockstaller C., Bohan D., Bonaudo T., Boval M., CahuzacE., Casellas E., Chauvel B., Choler P., Constantin J., Cousin I., Daroussin J., David M., Delacote P., Derocles S., De Sousa L., Domingues SantosJ.P., Dross C., Duru M., Eugène M., Fontaine C., Garcia B., GeijzendorfferI., Girardin A., Graux A-I., Jouven M., Langlois B., Le Bas C., Le Bissonnais Y., Lelièvre V., Lifran R., Maigné E., Martin G., Martin R., Martin-Laurent F., Martinet V., McLaughlinO., Meillet A., Mignolet C., Mouchet M., Nozières-Petit M-O., Ostermann O.P., Paracchini M.L., Pellerin S., Peyraud J-L., Petit-MichautS., Picaud C., Plantureux S., Poméon T., Porcher E., Puech T., Puillet L., Rambonilaza T., Raynal H., Resmond R., Ripoche D., Ruget F., Rulleau B., Rusch A., Salles J-M., Sauvant D., Schott C., Tardieu L.(2017).Volet "écosystèmes agricoles" de l’Evaluation Française des Ecosystèmes et des Services Ecosystémiques. Rapport d'étude, Inra (France), 966 pages.

FAO : Définition agriculture de conservation : http://www.fao.org/conservation-agriculture/fr/ 1

GIEC, 2019 : Téléchargeable en PDF : https://www.ipcc.ch/srccl-report-download-page/?fbclid=IwAR0BduRqe8vNqHamgkljYlvKgf4b-Fheti7rkLNMRV9M5dkrzWgKPo2a5e4 Citation complète : Arneth, A., Barbosa, H., Benton, T., Calvin, K., Calvo, E., Connors, S.,… Zommers, Z. (2019). Climate Change and Land: Summary for Policymakers. An IPCC Special Report on Climate Change, Desertification, Land Degradation, Sustainable Land Management, Food Security, and Greenhouse Gas Fluxes in Terrestrial Ecosystems , 1542. https://doi.org/10.4337/9781784710644

Glyphosate et rongeurs : Accessible en ligne (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1382668917302041) Citation complète : Cai, W., Ji, Y., Song, X., Guo, H., Han, L., Zhang, F.,… Xu, M. (2017). Effects of glyphosate exposure on sperm concentration in rodents: A systematic review and meta-analysis. Environmental Toxicology and Pharmacology , 55 (July), 148–155. https://doi.org/10.1016/j.etap.2017.07.015

Glyphosate et espèces animales variées : accessible en ligne (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0045653515303763) Citation complète : Ghisi, N. de C., Oliveira, E. C. de, & Prioli, A. J. (2016). Does exposure to glyphosate lead to an increase in the micronuclei frequency? A systematic and meta-analytic review. Chemosphere , 145 , 42–54. https://doi.org/10.1016/j.chemosphere.2015.11.044